Verlaine, Hugo, Musset : des textes à lire et à apprendre

Voici pour nos professeurs de lettres de seconde, première bac de français  et pour nos autres lecteurs des textes connus  que l’on peut  lire à l’occasion ou  apprendre par coeur . 

Relisez le  Mode d’emploi après avoir inscrit ces mots sur rechercher sur  mon site astucesdeprof.com –   Cliquez dans l’article. 

Voici des passages bien connus de nos poètes : Verlaine, Hugo, Musset  que nous aimons.

 

Verlaine

Poète dont les vers sont d’une extrême musicalité. Dans son Art poétique, Il crée le vers impair ( 5 ou 9 pieds ou syllabes)

De la musique avant toute chose,

Et pour cela préfère l’Impair,

De la musique encore et toujours !

Voici le très célèbre poème de Verlaine que l’on se doit de savoir par coeur ou de lire parfaitement extrait de Romances sans paroles  : Ariettes Oubliées

 

Il pleure dans mon cœur

Comme il pleut sur la ville

Quelle est cette langueur

Qui pénètre mon cœur ?

O bruit doux de la pluie

Par terre et sur les toits !

Pour un cœur qui s’ennuie,

O le chant de la pluie !

Il pleure sans raison

Dans ce cœur qui s’écoeure,

Quoi ! nulle trahison ?

Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine

De ne savoir pourquoi,

Sans amour et sans haine

Mon cœur a tant de peine.

 

Vous pouvez lire ou faire apprendre quelques vers (de 10 à 20 ou plus selon les élèves) que vous choisirez après les drames vécus à Paris par tant de familles de jeunes gens disparus et tant de blessés au Bataclan et dans les restaurants … Victor Hugo, toujours lui, est le poète qui se lève. Faites écrire en vers pour ceux qui le souhaitent des textes personnels sur la Jeunesse brisée, sur la Vie, sur la Mort, sur l’espoir ou l’Espérance à retrouver. Victor Hugo a écrit Stella (l’étoile en latin) poème repris en partie.

Il aura été notre grand écrivain ayant une œuvre énorme, lui qui aura connu les révolutions et la guerre. Il écrira des oeuvres appartenant à  tous les genres : poésie, roman, théâtre… dont on a tiré des films. Ses idées seront toutes reprises :  celles sur la peine de mort  abolie en 1981 et ses combats continuent encore concernant la Justice et les réalités indicibles de la  Prison. Lisons Victor Hugo. Reportez-vous à l’article sur lui à noter sur » rechercher sur mon site ».

Nous pouvons toujours trouver un passage de Victor Hugo qui corresponde à un aspect de notre humanité deux siècles après. Il faut avancer, il est une force qui va. Relevons les mots, les images  qui nous évoquent notre situation présente.

 

Victor  Hugo

Stella

Je m’étais endormi la nuit près de la grève

Un vent frais m’éveilla, je sortis de mon rêve

J’ouvris les yeux, je vis l’étoile du matin.

Elle resplendissait au fond du ciel lointain

Dans une blancheur molle, infinie et charmante,

Aquilon, s’enfuyait emportant la tourmente

L’astre éclatant changeait la nuée en duvet,

C’était une clarté qui pensait, qui vivait

Elle apaisait l’écueil où la vague déferle.

J ‘entendis une voix qui venait de l’étoile

Et qui disait : – je suis l’astre qui vient d’abord

Je suis celle qu’on croit dans la tombe et qui sort.

J’ai lui sur le Sina, j’ai lui sur le Taygète ;

Je suis le caillou d’or et de feu que Dieu jette,

Comme avec une fronde, au front noir de la nuit.

Je suis ce qui renait quand un monde est détruit.

O nations ! je suis la Poésie ardente.

J’ai brillé sur Moïse et j’ai brillé sur Dante.

Le lion océan est amoureux de moi.

J’arrive .Levez-vous, vertu, courage, foi !

Penseurs, esprits, montez sur la tour, sentinelles !

Paupières, ouvrez-vous ! allumez-vous, prunelles !

Terre, émeus le sillon ; vie, éveille le bruit ;

Debout vous qui dormez ! – car celui qui me suit,

Car celui qui m’envoie en avant la première,

C’est l’ange Liberté, c’est le géant Lumière !

 

Le Sina : le Sinaï pour inspirer Moïse le Prophète

Le Taygète : pour inspirer Lycurgue , législateur de Sparte

Extrait des Chatiments VI,15

 

 

Musset

La nuit de décembre

 

Du temps que j’étais écolier,

Je restais un soir à veiller

Dans notre salle solitaire.

Devant ma table vint s’asseoir

Un pauvre enfant vêtu de noir,

Qui me ressemblait comme un frère.

 

Son visage était triste et beau,

A la lueur de mon flambeau,

Dans mon livre ouvert il vint lire

Il pencha son front sur ma main,

Et resta jusqu’au lendemain,

Pensif, avec un doux sourire.

 

Comme j’allais avoir quinze ans,

Je marchais un jour, à pas lents,

Dans un bois, sur une bruyère.

Au pied d’un arbre vint s’asseoir

Un jeune homme vêtu de noir,

Qui me ressemblait comme un frère.

 

Je lui demandai mon chemin ;

Il tenait un luth d’une main,

De l’autre un bouquet d’églantine.

Il me fit un salut d’ami

Et, se détournant à demi,

Me montra du doigt la colline.

 

A l’âge ou l’on croit à l’amour ,

J’étais seul dans ma chambre un jour,

Pleurant ma première misère.

Au coin de mon feu vint s’asseoir

Un étranger vêtu de noir,

Qui me ressemblait comme un frère.

 

Il était morne et soucieux ;

D’une main il montrait les cieux,

Et de l’autre il tenait un glaive.

De ma peine il semblait souffrir,

Mais il ne poussa qu’un soupir,

Et s’évanouit comme un rêve.

 

 

Je m’en suis si bien souvenu,

Que je l’ai toujours reconnu

A tous les instants de ma vie.

C’est une étrange vision

Et cependant ange ou démon,

J’ai vu partout cette ombre amie.

 

…/ …

 

Partout où j’ai voulu dormir,

Partout où j’ai voulu mourir

Partout où j’ai touché la terre

Sur ma route est venu s’asseoir

Un malheureux vêtu de noir,

Qui me ressemblait comme un frère

 

Qui donc es-tu spectre de ma jeunesse

Pèlerin que rien n’a lassé ?

Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse

Assis dans l’ombre où j’ai passé

Qui donc es tu, visiteur solitaire,

Hôte assidu de mes douleurs ,

Qu’as-tu donc fait pour me suivre sur terre ?

Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère

Qui n’apparait qu’au jour des pleurs ?

 

Il répondra

Ami, Je suis la Solitude.

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