Le marivaudage : le jeu de l’amour et du hasard.

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et surtout « Mode d’emploi » 

De l’Amour et du marivaudage.

Substantif venant de l’auteur Marivaux (1688-1763).

Le marivaudage est un comportement, une manière d’être ou de faire amoureuse, légère. Il consiste à porter un masque en se mettant à une autre place en jouant un rôle, en voulant rendre léger l’acte grave d’aimer. Savoir dire de jolis mots et de jolis compliments permet aussi de marivauder.

Faire sa cour : on  prendra une autre place pour s’assurer que l’on vous aime pour vous et non pas pour ce que vous représentez dans votre classe sociale.

 On prendra alors la place du valet alors qu’on est le maître.

On prendra la place de la domestique alors qu’on est la maîtresse.

Mais si les deux futurs promis se déguisent que peut-il se passer ?

Le double imbroglio va se produire dans la pièce qui suit de Marivaux :  Le jeu de l’amour et du hasard . Il permet un dénouement heureux.

le marivaudage
le marivaudage

 

Chacun des deux promis Dorante et Silvia veut vérifier s’il correspond bien à l’image idéale d’un mari et d’une femme. N’ont-ils pas un autre visage dans la vie de tous les jours?  On voit que Silvia a vu que  dans  bien des cas réels le mari s’affirmait comme quelqu’un de fort désagréable dans la vie de tous les jours alors qu’en dehors  du foyer il revêtait un caractère des plus charmants. 

Silvia est vraiment consciente des conséquences du mariage à son siècle.  Il lui est égal de rester fille si ce n’est pas pour être avec un homme qu’elle aime qui serait d’un commerce agréable. Tout est donc dans le bon caractère de chacun dans le mariage.

On s’aperçoit que certains ne sont vraiment  pas faits pour le mariage . Certes, il n’y a que  bien peu de cas qui réussissent  et ce n’est pas si stupide que de s’observer avant de se marier car on peut être très malheureux à deux. Alors mieux vaut rester seul célibataire. Déjà à cette époque. Le sujet est éternel que de bien se trouver.

Que recherche Silvia  en un mari ? là son père M. Orgon ainsi que son frère Mario veulent aussi qu’elle soit heureuse   : je trouve  plutôt l ‘idée bonne car on obligeait trop souvent une jeune fille à se marier contre son gré.

Acte 1 sc 1

Sylvia fait un descriptif de plusieurs situations d’hommes mariés.

Le fantasque et voilà l’emporté.

SilviaOui, Tersandre ! il venait l’autre jour de s’emporter contre sa femme ; j’arrive, on m’annonce, je vois un homme qui vient à moi les bras ouverts, d’un air serein, dégagé, vous auriez dit qu’il sortait de la conversation la plus badine ; sa bouche et ses yeux riaient encore ; Le fourbe ! Voilà ce que c’est que les hommes. Qui est-ce qui croit que sa femme est à plaindre avec lui ? je la trouvai toute abattue, le teint plombé, avec des yeux qui venaient de pleurer, je la trouvai comme je serai peut-être , voilà mon portrait à venir ; je vais du moins risquer d’en être une copie. Elle me fit pitié ? Lisette ; si j’allais te faire pitié aussi ; Cela est terrible, qu’en dis-tu ? Songe à ce que c’est qu’un mari.

Lisette.- Un mari ? c’est un mari ; vous ne deviez pas finir par ce mot-là , il me raccommode avec tout le reste.

sur les maris : lire le livre de Françoise Dorin : un mari c’est un mari. 

Voir le livre sur le théâtre de Jean Piat ( mari de la précédente justement  couple aimant et célèbre s’il en est  ! ) intitulé  : « et …vous jouez  encore ?« 

Les pères veulent donc que leurs enfants se connaissent avant de s’engager : très bonne idée moderne. M.Orgon est un père compréhensif ce qui est rare. 

Dorante va revêtir la livrée de domestique et dans le même temps Silvia celle de domestique. Les couples sont respectés mais on ne sait plus leur condition sociale.

Acte 2 sc 7.

Dorante. Quelle espèce de suivante es-tu donc avec ton air de princesse ?

Acte 2 sc 12

Dorante. – Je voulais sous cet habit pénétrer un peu ce que c’était que ta maîtresse avant de l’épouser. Je hais la maîtresse dont je devrais être l’époux et j’aime la suivante qui ne devait trouver en moi qu’un nouveau maître . Que faut-il que je fasse à présent ? Je rougis pour elle de le dire, mais ta maîtresse a si peu de goût qu’elle est éprise de mon valet au point qu’elle l’épouserait si on la laisse faire. Quel parti prendre?

Sylvia ,– à part . – Cachons-lui qui je suis… (Haut) Votre situation est neuve assurément ! Mais, Monsieur, je vous fais d’abord mes excuses de tout ce que mes discours ont pu avoir d’irrégulier dans nos entretiens.

Dorante .  Au point de renoncer à tout engagement, puisqu’il ne m’est pas permis d’unir mon sort au tien ; et dans cet état, la seule douceur que je pouvais goûter, c’était de croire que tu ne me haïssais pas.

SylviaUn cœur qui m’a choisie dans la condition où je suis, est assurément bien digne qu’on l’accepte, et je le payerais volontiers du mien, si je ne craignais pas de le jeter dans un engagement qui lui ferait tort.

DoranteN’as tu pas assez de charmes, Lisette ? y ajoutes-tu encore la noblesse avec laquelle tu me parles ?

Pendant la pièce, nous nous amuserons avec le couple de domestiques Lisette et Arlequin devenus les maîtres. Nous retrouvons chez Marivaux ces dialogues de gens simples qui veulent jouer aux maîtres dans la jolie pièce de l’auteur :  » L’île des esclaves ». Je vous conseille de la voir en video ou de la lire. Elle est intéressante au plus haut point. Là, dans » le jeu de l’amour et du hasard », ils essaient de se  bien parler ou de bien se tenir avec réserve mais rien ne convient. Ils forcent le trait,  et ils ont  bien du mal à parvenir à être distingués.   Le comique est donc tiré de là, de ces exagérations, de ces attitudes reproduites peu naturelles.  Voici l’acte 2 scène 3 qui est très amusant à jouer. Faites jouer vos élèves. 

Et les maîtres Sylvia et Dorante   pendant ce temps sont plutôt distingués et ne parviennent pas à se tutoyer.

Chacun reste donc dans sa classe sociale même si on joue. A la fin, il faut que les classes sociales redeviennent celles qui conviennent et chacun reprend son rang puisqu’il y a double subterfuge. Tout finit bien…

 On n’en est pas encore aux mariages princiers avec des roturiers ou des roturières permis au 20 ème siècle dans les cours des royaumes du Nord et d’Espagne : on aura mis 2 siècles depuis Marivaux et 3 siècles depuis Molière pour être enfin libre de s’épouser en  dehors de son milieu . Des amoureux ont pu être ainsi très malheureux et peuvent l’être encore dans certains pays . Mais nos auteurs du 17 ème et 18 ème siècle essaient toujours de faire gagner l’Amour. 

Avec Marivaux , nous sommes  avant la Révolution française. Il faut donc connaître son Histoire pour comprendre les coutumes, les mœurs comme nous disons .

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