Attention à vos paroles, aux poids des mots … Avec deux tirades de Beaumarchais, vous savez tout du monde et de la Société du 18 ème siècle …et de la nôtre 3 siècles après. Apprenez- les : elles font de l’effet ! Vous retrouverez malheureusement les mêmes situations de détournement de la vérité à des fins honteuses avec les rumeurs et les scandales de notre société du 21 ème siècle. La presse dite à scandale les utilise sans cesse. Sachez vous méfier des rumeurs, ne les croyez pas et arrêtons de les utiliser. Elles sont lamentables le plus souvent et aboutissent à des drames personnels.
Je ne peux m’empêcher de vous rappeler les 2 extraits les plus importants encore de notre pensée française avec Beaumarchais (1732-1799) que ce soit dans le Barbier de Séville ou dans le Mariage de Figaro. Ses mots sont percutants à travers ses personnages. Pas étonnant qu’il ait fait de la prison! Il nous faut donc mesurer nos paroles… nous aussi. N’écoutons pas non plus ces « vérités ».
Apprenons à bien vous informer et ne soyons pas séduits par les pensées détournées de leur véritable but . La Presse ne semblerait-elle qu’être capable que de nuire? Sachons repérer la Presse qui dit les mots vrais. Faites reconnaître à vos élèves une presse objective ou la plus impartiale possible. Apprenons à nos élèves à s’informer et à comprendre quel est le but d’une certaine presse . Montrez comment ils peuvent choisir leur mode d’être informés. Attention à la désinformation ou à la surinformation. Qu’ils soient conscients qu’ils risquent d’être manipulés tant avec la presse écrite qu’avec les autres médias oraux.
Voici la fameuse réplique sur « la calomnie » suivie de celle concernant la liberté de la Presse.
La calomnie
Bazile, organiste, maître à chanter de Rosine dans le Barbier de Séville, acte 2 sc.8
» La calomnie, monsieur! Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j’ai vu les plus honnêtes gens près d’en être accablés. Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville en s’y prenant bien : et nous avons ici des gens d’une adresse!… D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage, pianissimo, murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano, vous le glissez en l’oreille adroitement. Le mal est fait ; il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche. Il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’oeil. Elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au ciel , un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait? «
Le monologue de Figaro dans Le Mariage de Figaro Acte 5, sc . 3
Là dans cet extrait fameux, la vision de la femme a beaucoup changé mais il faut la connaître. Vous pourrez la discuter! Il la fige dans la tromperie car la femme n’avait pas d’autre ressource que de se défendre en « trompant » l’homme qui la dominait et où celle-ci avait bien peu de place. Il existe des sociétés encore de la sorte. Attention à ne pas retourner dans des schémas où la femme n’a pas sa place. Il faut créer maintenant un équilibre homme femme dans leurs rapports amoureux et dans leur place dans la société comme de tout temps le théâtre l’a fait de façon idéale. Nous avons avancé mais il y a encore du chemin à faire selon les états de sociétés. Avec Beaumarchais les sujets essentiels sur la vie de l’Homme et de la femme sont toujours objets de réflexions.
Beaumarchais est vraiment une référence lui qui a pu être si censuré : après la calomnie, il y a ce qu’il dit sur la femme.
Figaro rappelle sa vie dans ce fameux monologue commençant par 3 fois le mot femme :
« O femme! femme! femme! créature faible et décevante! … nul animal crée ne peut manquer à son instinct : le tien est-il donc de tromper? » …
puis Figaro rappelle les places qu’il a faites, les moments où il était sans emploi – nous sommes incroyablement dans de mêmes périodes où des hommes et des femmes sont sans emploi au 21 ème siècle. Figaro va donc se mettre à écrire ayant le Temps.
Or, il n’a pas le droit d’écrire sur des sujets dits « épineux ». Dans la presse, pouvons-nous tout dire? – Non. Il y a des lois. Il y a plus ou moins de censure selon les pays. En France on le sait il y a la liberté de la Presse que nous envient les autres pays car Il y a aussi des lois qui protègent l’individu. D’outrepasser ce droit entraîne des peines juridiques. On ne peut pas « tout » dire. Sachons le poids des mots.
Autant de sujets auxquels bien réfléchir à notre époque où une certaine presse falsifie les mots pour « vendre ». Beaumarchais sait de quoi il parle quand il parle de la liberté de la Presse. Vous pourrez traiter de ce sujet avec vos élèves et réfléchir avec eux. Cette Liberté de la Presse est essentielle et en même temps c’est à chacun de savoir comment elle peut perturber des individus qui ne recherchaient pas le scandale. Cette Liberté de la Presse est à remettre sans cesse en question. Un de vos cours peut avoir pour objet d’étude : la Presse dans la Littérature. C’est un sujet sans fin… Qu’ils lisent divers titres de journaux pour être des citoyens avertis, qu’ils écoutent les radios et choisissent leurs moyens d’être bien informés, tout réside dans le support journalistique que l’on choisit.
Voici la fameuse phrase qui est depuis longtemps en en-tête du quotidien Le Figaro ( très beau titre reprenant le nom du personnage Figaro de Beaumarchais ).
« je lui dirais…que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours ; que, sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur; et qu’il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits ».
il poursuit :
« …on me dit que, pendant ma retraite économique, il s’est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s’étend même à celles de la presse ; et que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs. Pour profiter de cette douce liberté, j’annonce un écrit périodique, et, croyant n’aller sur les brisées d’aucun autre, je le nomme Journal inutile » .